À Saône (Doubs), Alexandra Ruffier vend dans sa remorque épicerie, plus de 60 produits, que les clients emportent dans des bocaux ou des sacs de tissus ou de papier. Une reconversion sur mesure.
L’idée a mûri dans la douleur d’un burnout. Alexandra Ruffier avait passé l’essentiel de sa carrière dans la restauration et s’y plaisait. « J’étais serveuse, c’est dynamique, plein de contacts… ». Làs, La profession est incompatible avec élever trois enfants. Eux avaient des mots durs pour dire l’absence de leur mère, la fatigue, le rythme effréné… « Alors j’ai travaillé en usine durant une année, et là assise sans bouger derrière ma machine à coudre, je n’ai pas tenu ! ».
L’expérience lui laisse cependant la force de concocter un projet. « Je voulais être à mon compte, ce que je savais faire c’était la restauration. En famille nous étions très engagés dans le zéro déchet. L’idée d’une épicerie de vrac est venue tout naturellement. Ce service manque. Je le constatais chaque fois que je faisais les courses ». Alexandra Ruffier tient tout particulièrement au zéro déchet. « C’est la solution que j’ai trouvé pour faire quelque chose à mon niveau pour que la planète aille moins mal. J’achète les vêtements d’occasion, les meubles chez Emmaüs. Je combats le suremballage, j’évite les grandes-surfaces et j’achète le plus souvent localement. Je savais donc ce qui manquait sur les marchés. » La Boutique de Gestion à Besançon l’aide à monter son projet. « Côté étude de marché, je suis convaincue que nous sommes nombreux à avoir les mêmes aspirations. En revanche, j’avais quelques doutes sur ma capacité à établir des bilans prévisionnels ». Elle apprend donc.
Sans camion, mais en remorque
Certes la tendance est au food-truck, mais Alexandra Ruffier ne veut pas de camion, « pour me démarquer, pour que les clients puissent se servir eux-mêmes, et parce que c’est difficile à conduire ». L’idée de la remorque s’impose donc.
Quête des fournisseurs, son projet séduit « Le Moulin des Moines, des pionniers du bio m’a fait confiance. Pour m’encourager ils me prêtent les colonnes de distribution qui contiennent les produits. Cela m’a évité 5000 € d’investissement. J’ai pris des conseils auprès du Service des marchés de Vitabri et de la ville de Besançon. Et je poursuis ma recherche de fournisseurs ». La remorque ouverte, les clients n’ont plus qu’à se servir, ils emportent leurs produits dans des sacs kraft, ou en tissus, ou viennent avec leurs propres bocaux. 60 références pour l’instant. Riz, pâtes, fruits secs, légumineuses, mais aussi des pleurotes séchées directement venues de Saône, du chocolat ou de la poudre pour préparer ses pâtes à tartiner… Depuis août et ses premiers marchés, Alexandra Ruffier a déjà des clients habitués. « Ils me demandent des recettes, je fournis volontiers, j’ai des idées avec 3 enfants je cuisine beaucoup ». Elle a aussi des projets, vendre du café à en grain et à terme… Faire grandir sa remorque en un bus pour dans lequel monteraient les clients… Mais ça c’est pour plus tard.